Entre pierres et tartans
Je suis parti en Écosse pour le plaisir, sans autre but que de découvrir. Ce que j’y ai trouvé m’a profondément inspiré.
Les paysages des Highlands m’ont frappé par leur force brute. Une nature vaste, silencieuse, souvent couverte de brume, mais toujours habitée. Là-bas, tout semble plus vrai. Les couleurs sont franches : verts profonds, gris sourds, bleus presque noirs. J’ai aimé cette lumière changeante qui redessine les reliefs à chaque instant.

Les châteaux ont été l’un des fils rouges de mon voyage. Leur présence raconte quelque chose de l’Écosse : une fierté, une mémoire, une résistance. À Édimbourg, j’ai visité le National War Museum installé dans l’enceinte du château. Là, une peinture m’a arrêté net : The Thin Red Line de Robert Gibb. La tension, le calme avant l’orage, la retenue dans les visages des soldats… Tout m’a frappé. Il y avait dans cette œuvre quelque chose de profondément humain, silencieux, mais puissant.
The thin red line

Robert Gibb, 1881
L’Écosse ne cesse d’inspirer le monde de la mode. Ses paysages bruts, ses tartans chargés d’histoire, l’austérité majestueuse de ses châteaux… autant d’éléments que certaines maisons ont su sublimer. Alexander McQueen, profondément attaché à ses racines, en a fait le cœur de plusieurs collections emblématiques. Plus récemment, Dior a présenté un défilé en Écosse même, réinterprétant les codes traditionnels avec délicatesse et force. Comme si, au-delà des tissus, c’était un esprit écossais que la mode cherchait à capturer.
Christian Dior



Mes looks favoris de la collection



Mes looks favoris de la collection






Alexander Mc Queen
Alexander McQueen fait partie des créateurs qui m’inspirent profondément. Britannique jusqu’au bout des ongles, il a su imposer une vision singulière, où l’histoire, la culture et les traditions du Royaume-Uni deviennent matière à création. Sa manière de réinterpréter l’identité écossaise, notamment à travers le tartan, les références aux Highlands ou à des épisodes sombres de l’Histoire, m’a particulièrement marqué. Il ne se contente pas de s’inspirer de son héritage : il le transforme, le confronte, parfois le bouscule — et c’est justement cette audace, ce mélange entre raffinement, brutalité et romantisme qui me touche dans son approche profondément britannique de la mode.

Sarah Jessica Parker au Met Gala de 2006, en Alexander McQueen lui-même.
Ils sont arrivés ensemble, elle en robe bustier en tartan écossais rouge, lui en kilt assorti — un moment devenu iconique, précisément dans l’esprit de la collection Widows of Culloden.
Ils sont arrivés ensemble, elle en robe bustier en tartan écossais rouge, lui en kilt assorti — un moment devenu iconique, précisément dans l’esprit de la collection Widows of Culloden.


Sarah Burton et Jamie Hawkesworth ont décidé d'entreprendre un voyage de découverte. Partageant un amour commun pour la nature et la faune britannique, le voyage commencerait par les îles Shetland, le point le plus septentrional du pays. Avec Mica Aganaraz, les images de la campagne Alexander McQueen Automne-Hiver 2016 sont le résultat d'une aventure capturant une beauté jeune, surréaliste et enivrante contre le terrain écossais sauvage et accidenté, et marque un nouveau chapitre dans l'histoire d'amour de longue date de McQueen avec la nature romantique du paysage britannique.
Mon attention s’est portée sur la bataille de Balaklava à travers la peinture The Thin Red Line de Robert Gibb. Cette scène militaire m’a marqué par sa puissance visuelle et la tension dramatique qu’elle dégage. Plus tard, en découvrant la collection The Widows of Culloden d’Alexander McQueen, une résonance s’est immédiatement créée. Là aussi, il était question d’un conflit, d’une mémoire blessée, et surtout d’un hommage aux figures oubliées : ici, les femmes écossaises meurtries par la bataille de Culloden en 1746.
La collection, sombre et romantique, mêle tartans, voiles et silhouettes fantomatiques dans une mise en scène quasi spirituelle. Cette rencontre entre l’histoire militaire et la sensibilité humaine, entre mémoire et vêtement, m’a profondément touché.
La collection, sombre et romantique, mêle tartans, voiles et silhouettes fantomatiques dans une mise en scène quasi spirituelle. Cette rencontre entre l’histoire militaire et la sensibilité humaine, entre mémoire et vêtement, m’a profondément touché.


Savoir faire
Une visite marquante : celle d’un atelier de confection de kilt, où le travail du tartan se fait encore à la main.
Voir les artisans plisser le tissu à la main, travailler le tartan avec rigueur et passion, m’a permis de mieux comprendre toute la richesse de cette tradition écossaise. Ce moment m’a profondément inspiré, notamment dans ma manière de penser la coupe et la symbolique d’un vêtement.
La découverte d’un atelier de confection de kilt a été l’un des moments forts de mon voyage. Un véritable travail d’orfèvre : chaque pli est mesuré, chaque geste précis, presque cérémonial. En discutant avec les artisanes, elles me racontaient comment on tissait ces tartans, chacun lié à un clan, une histoire, une lignée. Elles m’ont ensuite conduit dans la « chambre au tartan », une pièce entièrement tapissée de rouleaux de tissus colorés. Je n’avais jamais vu autant de tartans rassemblés en un seul lieu — un kaléidoscope d’identités tissées.



REDESCENTES MARQUES
Plusieurs marques ce sont servis de ces motifs afin de réaliser leurs créations et voici celles qui ont su retenir mon attention.

Antonio Marras

Antonio Marras

ADEAM

ADEAM

SILVIA TCHERASSI


